Cherchez l’erreur !
Que se cache-t-il dernière un tarif aussi bas ? Pourquoi certains graphistes pratiquent de tels prix ? Quelles en sont les conséquences sur les clients et sur les graphistes freelances ?
Ces tarifs très attractifs mais très néfastes s’expliquent à travers 2 principales études de cas :
1. Les graphistes indépendants honnêtes et compétents qui sous-estiment la valeur de leur travail :
La dévalorisation des revenus du graphiste freelance est due en partie à l’apparition des plateformes de recrutement en ligne spécialisées dans les métiers du design. Sur ces plateformes il y a beaucoup moins de clients demandeurs que de graphistes, ce qui crée une concurrence forte et concentrée dans un même « lieu ». Les quelques clients venus sur la plateforme vont très souvent se diriger vers le graphiste le moins cher, poussant tous les autres à aligner leurs tarifs vers le bas, même s’ils ont plus d’expériences et plus de compétences. C’est ainsi que l’on retrouve des tarifs défiants toute concurrence depuis quelques années, même en dehors de ces plateformes, avec des annonces du type « Création de votre logo pour 200€ ! », diffusées en masse sur Instagram et d’autres réseaux sociaux du même type.
En tant que client il est important que vous preniez conscience qu’avec 200€, soit votre graphiste se respectera en travaillant moins d'une journée sur votre projet, soit il sera bien trop consciencieux et travaillera une semaine entière, ce qui est le cas pour la très grande majorité d’entre eux. Quoi qu'il en soit, payer une personne 200€ pour une semaine de travail n’est pas acceptable.
Maintenant voyons ensemble ce qu’un graphiste gagne vraiment sur la vente d’un logotype à 200€. Pour un graphiste diplômé, qui utilise un vrai processus créatif, il faut donc compter une bonne semaine de travail minimum.
Si nous divisons les 200€/HT en 30h de travail, on obtient un tarif horaire brut de 6,60€. C’est choquant n’est-ce-pas ? C’est moitié moins que le Smic horaire français. Ensuite nous déduisons de ces 6,60€, les divers frais du graphiste (charges sociales, amortissement de son matériel, impôts, TVA etc…).
Autant dire qu’un logo vendu à 200€ c’est un logo GRATUIT ! Notre graphiste aura plutôt intérêt à ne pas compter les heures dans le mois pour survivre et travailler les weekends. Si nous faisons une moyenne grossière : 4 logos à 200€ = 4 semaines de travail = 800€/mois -20% de charges (minimum !) = 640€/mois.
Je pense que je n’ai pas besoin de commenter ce « salaire », il est évident que c’est indécent. Pourtant, le tarif horaire d’un graphiste indépendant junior en France en 2022 est évalué autour de 50€/heure, soit environ 350€/jour. Ce tarif représente la vraie valeur de son travail, lui permettant de vivre dignement et de pouvoir payer toutes ses charges comme n’importe quel entrepreneur ou travailleur indépendant : cotisations URSSAF, cotisations de retraite complémentaire obligatoire, impots, de nombreux frais fixes (abonnements aux logiciels de créations, abonnement site web/nom de domaine, éléctricité, loyer, déplacement pro, assurance pro, frais banquaires, investissement matériel, temps de travail «invisible» qui représente de nombreux jours non productifs dans une année donc non rentables sur le moment, tels que sa gestion comptable, sa communication, ses démarches commerciales, sa veille créatives ect ...). Une fois toutes ces charges déduites, un graphiste indépendant gagne en moyenne un smic par mois.
Enfin, il est important de préciser que les travailleur-euses indépendants n'ont pas de jours chômés rémunérés comme un salarié : pas de vacances (payées), pas de RTT(payés), pas d'imprévus de la vie prix en charges par l'employeur. A travers ses tarifs, le graphiste doit aussi prendre en compte ceci, prévoir, anticiper, pour ne pas devoir travailler 12h par jour, 365 jours par ans, et vivre un peu tout simplement.
1. Les pseudos graphistes sans compétences en communication visuelle, qui bidouillent sur Photoshop :
La démocratisation des logiciels de création graphique depuis une dizaine d’années (et en particulier celle de Photoshop), a engendré l’apparition massive de « graphistes » autoproclamés, des bidouilleurs de première sans aucune compétence en communication visuelle, qui cassent les prix. Leurs tarifs extrêmement bas poussent les vrais graphistes à s’aligner pour survivre à cette concurrence complètement absurde.
Si un « graphiste » vous propose de concevoir votre logo pour 50€ sur Photoshop… Fuyez ! Un logo ne se conçoit pas sur Photoshop qui est un logiciel de retouche/montage d’image. Votre logo « à pas cher » sera inefficace, certainement pixelisé sur vos impressions et la gestion des couleurs sera catastrophique… Sans parler du non-respect des règles basiques en design graphique qui permettent d’obtenir un logo correct, même s’il reste très simple. En résumé, vous en aurez pour votre argent !
Un graphiste compétent vous offre
plus qu’un logo, il vous offre un logo
qui marche, adapté à votre domaine d’activité, à votre cible, à l’utilisation
que vous allez en faire. Il vous offre
ses connaissances en communication, en dessin, en hiérarchisation de l’information, en typographie, en colorimétrie, en stratégie créative...
Il vous offre tout son savoir pour concevoir un logo qui vous ressemble tout en parlant à votre public. Combien d’entreprise ont connu le succès grâce à un logo bien conçu et remarquable ? Combien qu’autres ont fermé à cause d’une identité visuelle invisible et médiocre, noyée au milieu de celles de leurs concurrents ?
je vous laisse méditer là-dessus…
En conclusion, n’ayez pas peur de vous payer les services d’un bon graphiste freelance. Voyez votre communication visuelle comme un véritable investissement, qui vous rapportera sur le long terme. Vous aurez la satisfaction d’avoir une identité visuelle propre et efficace, et le bénéfice d’avoir des soucis en moins. Vous aurez le plaisir de savoir que vous n’exploitez pas le savoir-faire d’un travailleur honnête en le rémunérant à sa juste valeur, de la même manière que vous le souhaiteriez pour vous-même à travers votre projet d’entreprise. Et n’oubliez jamais que le rapport qualité/prix est un facteur qui existe dans tous les métiers.
Petit mot à mes confrères graphistes : Si vous lisez cet article, je vous encourage à ne plus pratiquer un tarif aussi bas pour
vous-même, mais aussi pour nous tous, pour redonner de la valeur à notre métier qui
est bien trop galvaudé. Je vous mets des liens ici qui vous aideront à mieux penser
vos tarifs forfaitaires et/ou à l’heure.
Claire Ferrat
Graphiste Freelance
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